J’ai saisi rapidement que ce qui leur plait dans ce mode de vie est la liberté assurée. Ils voyagent tout le long du pays, ils ne font jamais les choses pareilles, et jamais au même endroit, et leur travail consiste à faire en sorte que les gens passent un heureux week-end. Une question que je posais souvent au début, c’était de savoir comment ils gèrent le manque de stabilité. Car il est admis que depuis le Néolithique, l’homme a par nature une tendance très prononcée à la sédentarité. Mais dix mille années plus tard, et finalement tout au long de l’histoire, une frange de la population reste nomade. Peut-être que la stabilité n’est pas exactement là où nous la projetons… Eux l’obtiennent dans ce qui fait l’essence de leur vie ici, la communauté. L’amitié qu’ils entretiennent les uns pour les autres fait la sédentarité, puisqu’ils la pratiquent en tout temps et en tout lieux. Et tout peut changer autour de la communauté, ils se sentiront toujours chez eux à proprement parler au sein de la fête foraine. C’est un village dont l’accroche n’est pas à un bout de terre, un groupe de copains dont les souvenirs parsèment le pays, une économie dont le profit n’est pas la finalité, ou encore des gens qui sont persuadés qu’on a pas besoin de grand chose pour vivre heureux. Et oui heureux ils le sont, en témoigne le fait que les générations se succèdent dans les boutiques, combien d’entre eux ont grandi ici et y mourront ! Même les jeunes qui partent à la découverte du monde se rendent compte qu’ils vivaient déjà l’aventure de leur vie au sein du cercle de caravanes, et y retournent !
En termes de gouvernement, c’est un modèle selon lequel une caravane s’est imposée au début, et ordonne maintenant toutes les autres. Les caravanes pas contentes sont invitées à quitter aussi chaleureusement qu’elles ont été accueillies. The Extravaganza Fair possède une identité propre, qui lui permet d’être reconnue partout où ils voyagent. Si les parties de ce corps sont infiniment différentes dans leur histoire ou leurs convictions, le corps lui même possède un visage unique. Pour conserver cela, il y a certaines règles à respecter dans la présentation des boutiques et la tenue des caravanes. En bref, ça doit être stylé. En termes de finances, chacun gère son propre business et n’a de compte à rendre à personne. Certains sont propriétaires de plusieurs boutiques, et embauchent ceux qui n’en ont pas pour y travailler. Les propriétaires de boutiques ont une contribution à payer en argent ou en temps à la communauté pour la gestion des déchets, la location des lieux, et la mise en place des espaces communs (tentes, toilettes, guirlandes et drapeaux, scène principale). Ils peuvent donc choisir de payer et de ne jamais relever les poubelles, ou bien de ne pas payer mais de faire partie des rondes de relève des poubelles - le quota s’établissant assez naturellement.
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