L'animation est une éducation, mais d'un type assez particulier puisque son champ d'action est celui de l'imaginaire et du jeu. Comme tout éducateur, la mission de l'animateur est d'éveiller en l'enfant un nouveau mouvement, un appétit, une volonté. On utilise en anglais le terme de “leader”, qui désigne littéralement “celui qui conduit en avant”. Mais être un leader nécessite premièrement de pouvoir se conduire soi-même. L'enfant en âge de venir dans ces camps apprend d'abord en imitant et en reproduisant. Le premier enjeu de l'animateur est donc d'être un exemple pour ceux qui l'entourent sur tous les sujets. Mais les deux lieux principaux sont le fait d'être responsable de ses actes, ainsi que d'être pleinement engagé dans ce que l'on fait. C'est à peu près parfaitement l'inverse de ce que la société dans laquelle ils évoluent leur enseigne. Ce qui résulte de cet exemple donné est une renaissance de l'espoir, car ils sont témoins du bien que la génération d'au-dessus peut produire. Et pour un enfant qui n'a pas l'habitude de ce genre d'attitude, cela peut changer assez radicalement la vision qu'ils ont de la vie.
Le grand enseignement du jeu porte sur le rôle de la règle, l'objectif étant de leur montrer qu'elle n'est pas seulement source de contrainte, mais également de liberté et de succès. Pour qu'un jeu soit amusant, il faut un objectif à atteindre, une possibilité d'y parvenir, une difficulté qui peut être moindre ou très importante, et un ensemble d'énoncés à respecter. C'est donc je crois la meilleure métaphore de la vie que l'on puisse trouver. Or l'enfant découvre en jouant que la route vers la victoire se trouve au sein même des règles du jeu, et que ce sont précisément celles-ci qui rendent le jeu intéressant. Il va bien sûr tenter d'outrepasser les bornes fixées pour voir si l'au-delà est plus amusant, mais se rendra vite compte qu'il est en train de briser le jeu, ou du moins de le rendre vraiment moins agréable. Suivre la règle juste et l'aimer est une vertu qui s'acquiert par répétition d'actes. Quoi de mieux alors que de découvrir et pratiquer la règle en jouant, là où les enjeux sont imaginaires, pour ensuite bien diriger sa vie une fois dans le grand bain ?
J'ai appris un jour au détour d'une conversation que l'homme a toujours besoin d'éducation. Ainsi, la différence entre l'adulte et l'enfant est que l'adulte sait s'éduquer tout seul. Un camp comme celui-ci répond tout-à-fait à cette problématique, puisqu'il s'agit d'offrir à l'enfant un espace où il peut apprendre à s'éduquer lui même. Dans l'imaginaire du jeu, l'enfant se trouve dans des situations de conflits, de danger pour lui même ou son équipe, dans des situations de management et de stratégie. Il doit donc réagir en conséquence par des décisions qui impliquent sa responsabilité propre, et dont dépend la victoire. Tout cela se vit à moindre échelle, mais n'empêche pourtant pas l'enfant de prendre au sérieux ce qu'il vit. Autrement dit, si être enfant désigne un devenir vers la maturité adulte, alors le camp permet à l'enfant d'être réellement enfant. En contraste complet avec le climat dans lequel ils évoluent, l'enfant n'attend de l'adulte rien d'autre que de lui permettre d'être enfant.
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Dirais tu de même de l’éducation d’u. Enfant dans la famille ?