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A l’intérieur d’un hangar de tonte

Photo du rédacteur: Montfort de FOUCAULDMontfort de FOUCAULD

J'ai vécu l'une des expériences les plus convoitées de Nouvelle-Zélande. Lorsque je parlais de ce pays avant de partir, deux réactions revenaient souvent : « oh tu vas jouer au rugby » et « oh tu vas tondre des moutons ». Jouer au rugby, c'était déjà fait et je ne me voyais pas non plus intégrer les All Blacks, mais la tonte de moutons m'étais complètement inconnue. Inconnue jusqu'à rencontrer Tom Loe, sixième génération de fermiers sur les quelques 600 hectares de collines à l'est des Marlborough (Nord de l'Ile du Sud). Il prévoit de réaliser une semi-tonte de ses 2300 moutons avant l'hiver, l'objectif étant d'enlever un peu de poids tout en gardant une couverture protectrice du froid.


Une semaine plus tard, une amie et moi courons sur la route alors que le soleil dort encore, parcourant les trois kilomètres nous séparant du lieu de la tonte. Nous arrivons et sommes présentés à l'équipe de sept personnes dans ce hangar, dans lequel ils travailleront à un rythme effréné pour les cinq prochains jours. Trois "shearers" tracent de leurs tondeuses des gestes précis, trois femmes s'occupent de trier la laine récoltée, et un dernier homme compresse la laine dans de grands sacs. Nous sommes invités à observer le fonctionnement de la chaîne, éclairés par les commentaires explicatifs de notre nouvel ami Tom. Au fur et à mesure que nous comprenons toutes ces tâches devenues automatiques pour ces travailleurs, nous tentons d'intégrer la chaîne afin de se rendre utile. On a fait des erreurs au début, mais l'équipe nous a pardonnés, et puis c'est comme ça qu'on apprend anyway.


Les moutons sont conduits des quatre coins de la propriété en troupeaux d'environ 300 par des chevaux et des chiens, jusqu'au hangar de la tonte. L'opération prend souvent jusqu'à quelques heures. Arrivés au hangar, les animaux entrent en trois colonnes délimitées par des barrières, et progressent jusqu'aux shearers par différents compartiments. Le premier poste de la chaine est donc de vérifier que les trois derniers enclos soient toujours pleins, afin que les shearers ne tombent jamais à court d'animaux à tondre. Les shearers vont eux-mêmes dans ces enclos afin de maîtriser leurs moutons en les asseyant. Une fois sur son dos, l'animal devient complètement déboussolé et ne se débat plus. Un shearer prend en moyenne une minute et demi pour une tonte, mais son objectif est de trouver la balance entre la rapidité et avoir le moins de coupures possibles sur l'animal. La tonte en elle-même est une suite définie de gestes précis, appris par cœur et répétés des milliers de fois. Ils ne réfléchissent plus à la manière dont ils le font, c'est maintenant inscrit dans leur mémoire musculaire. Impressionnant. Les moutons se retrouvent juste après dans un compartiment plus grand, que l'on ouvre une fois rempli pour les reconduire dans les collines. Pendant la tonte, la laine est récupérée par une femme, qui vient la déployer comme une couverture sur une grande table pour être triée. Ici, deux autres femmes lisent la laine afin d'enlever les parties sales, c'est à dire la laine du ventre et des pattes essentiellement. Le reste est trié selon quatre niveaux d'élasticité et de solidité afin d'être compressé dans des sacs, jusqu'à représenter une charge de 185 kgs de laine.


La mission que j'ai occupée pendant notre temps là bas fut principalement celle de faire entrer les moutons dans le hangar et les faire évoluer à travers les compartiments jusqu'aux shearers. Celle de mon amie était surtout de réussir à récupérer dans le manteau de laine les parties les plus importantes. Dans les deux cas, nous étions plongés dans la frénésie et la vitesse de cette chaîne d'exécution. S'il est possible en Nouvelle-Zélande de voir une tonte dans un show d'agriculteurs, je me suis senti très honoré d'avoir pu goûter à l'ambiance réelle d'un hangar de tonte. Plus qu'une nécessité, une attraction, ou même un sport, ceci est un art que peu ont pu apercevoir dans sa plénitude. Voici quelques images dérobées de ces journées en plein cœur du pays aux moutons.




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