Au matin du samedi, le monde baigne dans un silence qu'il n'a jamais connu. Et pour cause, son Roi s'est endormi dans la chair. L'Etre divin rejoint dans les enfers la solitude la plus profonde de l'homme. Il apporte la Lumière là où elle n'a jamais été, et l'Amour là où tout le réclame. Face à un Dieu désormais absent, nous sommes plongés dans une attente insoutenable. La solitude qu'elle engendre est un vide dans le cœur, qui ne cesse de s'élargir tant que son espérance n'est pas comblée. Jésus avait annoncé sa Résurrection mais, maintenant qu'Il est mort, il semble que la terre soit désertée, livrée à elle-même. Son miroir lui renvoie une image obscure, sans couleur, dans laquelle rien ne semble vivre. Hanté par la honte, l'homme se tait. Et attend.
Le sacrifice exécuté la veille est la plus grande injustice que la terre eut jamais supporté, le Créateur mis à mort par Sa créature. Dieu s'est fait homme parmi les hommes, pureté infinie devant le péché originel, mais les hommes l'ont rejeté. Suivant les Écritures, le Christ est allé jusqu'à la Croix pour sauver celui qu'Il aime de son péché. Rappelons nous Sodome. Pour un seul juste dans la ville, Dieu ne la détruira pas. Dans le même temps, Dieu serait mort au Golgotha pour un seul pêcheur dans le monde. Nous sommes chacun celui que Jésus aime, et Il se serait sacrifié pour chacun de nous si nous avions été l'unique pêcheur. En vertu de cet Amour inconditionnel, et même si tout s'effondre autour, notre devoir est de devenir cet unique juste pour lequel le monde ne sera pas détruit.
Ce monde qu'on vous demande d'aimer ne veut pas voir la souffrance. Il jette un voile pudique sur la mort de Jésus, en l'ignorant ou en la minimisant. On vous a dit qu'Il n'est qu'un personnage de l'histoire ancienne, victime d'une récupération mensongère. Qu'Il n'était pas vraiment mort, la Résurrection est une sorte de symbole. Que vous n'avez rien en commun avec les gens de l'époque, arrêtez de vivre au passé, ...
Et pourtant, vous avez le droit d'exiger qu'on vous montre la Croix. Malgré notre honte, nous devons regarder le visage mourant du Sauveur, contempler Son côté ouvert, recueillir Sa chair et Son sang. La réaction du monde est de fuir pour trouver un divertissement ailleurs ; mais vous qui savez, veillez avec Lui. La réalité monstrueuse qui se révèle est trop importante pour être cachée, alors demandez à voir à quel point Dieu a souffert.
La terre a tremblé, puis s'est apaisée. Le silence qui suit cet apaisement est le lieu d'expression par excellence du mystère de la Foi. C'est en effet dans le doute et l'attente que la Foi se montrera la plus lumineuse, alors même que nous nous trouvons dans le désert le plus obscur. Pâques nous rappelle que nous ne sommes pas abandonnés, et qu'il est là sur notre route. Dieu vient nous rencontrer, à nous de savoir discerner Son regard et Son sourire à travers les brumes de nos angoisses.
« Il y a assez d'obscurité pour ceux qui refusent de voir. Il y a assez de Lumière pour ceux qui ne demandent qu'à voir. » Blaise Pascal
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Merci Montfort pour cette magnifique méditation !
C'est vraiment beau ;)