Idéalement situé dans une vallée juste au dessus de la ville de Thames (Coromandel), cet endroit possède tout pour rendre heureux le petit garçon que je redeviens. Entre les immenses salles de jeu et le gymnase, et toutes les installations qui couvrent la dizaine d'hectares disponible, le lieu permet d'accueillir une belle centaine d'enfants. Son avantage principal reste la diversité du terrain, qui comprend de la forêt, de la plaine pelouse, un peu de collines, et une rivière dont la profondeur peut plonger à 6 mètres dans certains trous. Le rythme de la journée est intense, avec de nouvelles activités toutes les heures. Levés à 8h, les enfants émergent de leur nuit en se confrontant à l'énergie (forcee) des leaders pour le “Rise and Shine”, à base de chorégraphies, louanges en tout genre, et concours de l'équipe qui crie le plus fort. Nous sommes ensuite prêts pour le petit déjeuner, suivi du nettoyage des dortoirs et des espaces communs. La journée s'articule ensuite entre les temps d'enseignements sur la Bible, les ateliers, les grands jeux, les baignades, et les morning tea - afternoon tea - evening tea.
Avant l’arrivée des enfants au camp, il fallait installer nos décors pour le thème de la semaine : les Pirates. Notre navire s’est échoué sur une île déserte et nous avons besoin de quelqu’un pour nous sauver ! Le premier challenge est de se reconnaître en danger, d’appeler à l’aide, écrire dans le sable des SOS dont le véritable sens est « Save Our Souls ». Puis renoncer à nos habitudes de pirate pour rejoindre un Royaume qui n’est pas de ce monde... Nous cherchons chaque jour ce dont notre nature humaine a le plus besoin. C’est à dire d’un abri, d’eau, de nourriture, et tout ça autour de grands jeux et ateliers mêlant karting, paintball, lancer de haches, kayaking, course d’orientation, tyroliennes, construction de radeaux, sports collectifs, etc. Les temps d’enseignement cherchent à manifester dans la Bible ce que nous expérimentons dans les jeux. On y lit que Dieu est nourriture, eau, protection, c’est à dire tout ce dont nous avons besoin. Conclusion du camp : notre sauveur porte le nom de Jésus Christ, voulons nous quitter notre île déserte pour le rejoindre ?
La première semaine accueillait des enfants entre 8 et 10 ans. J'étais pour eux le gars sympa qu'ils ne connaissaient pas et qui galérait un peu en anglais, on part sur une première impression plutôt positive. Je suis responsable d'une chambre facile et obéissante, chef d'une équipe compétitive et dont les sourires resplendissent fièrement tant que nous occupons la première place. Le clap de fin résonne alors que l'écho de la première soirée planne toujours, je collectionne les prix de la meilleure chambre ainsi que de la meilleure équipe. Quand les parents arrivent au camp, leurs enfants les tirent par la manche pour leur présenter leur nouvel animateur préféré, “the French Monty”. Je m'endors ce vendredi soir dans mon dortoir tout vide, ému d'avoir été apprécié par ces familles de l'autre bout du monde. J'espère que ces enfants se souviendront de moi, ou même rien que de l'accent d'un pays lointain dont je suis certainement pour eux l'unique contact, et je serai heureux.
La deuxième semaine enchaine en une foulée avec des jeunes entre 10 et 13 ans. J'ai le bête réflexe de projeter sur mes nouveaux campeurs les visages de mes anciens, ce qui devait mener à une certaine déception. Ce second camp était bien plus difficile, avec des enfants durs à gérer, parfois violents, ou bien simplement qui ne veulent rien faire sinon manger et dormir. L'impression que la terre est aride et que j'ai beau semer, rien ne prend. J'attends la fin de la semaine. Ma chambre est élue parce qu'il en fallait une, et mon équipe finit dernière. Mais dans la grande fatigue qui accompagne le dernier jour de camp, je réalise que j'étais en fait un instrument dans la main de Dieu depuis le début. J'ai eu l'immense grâce sensible de constater les effets de l'action divine la première semaine, que je n'ai pas eu la deuxième. Ce n'est pas pour autant que rien ne s'est produit. Mon temps n'est pas celui du Créateur, et ses chemins sont impénétrables. Et chaque fois que nous faisons le bien autour de nous, c'est la gloire de Dieu qui s'exerce réellement dans le monde ! Que j'ai été bête de croire que le travail venait de moi…
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